Michele CAPASSO Directeur général de
l'Académie de la Méditerranée Président de la Fondation Laboratorio
Mediterraneo Naples, Italie
Mesdames et messieurs, chers
collègues,
C'est avec une profonde
émotion que je vois réunis dans cette salle, Bans la ville de Skopje,
tant d'illustres amis de notre Académie qui nous ont accompagnés tout
au long de notre parcours qui voit aujourd'hui se réaliser une étape:
donner à l'espace euro-méditerranéen dignité, représentativité et légitimité
et restituer à la culture, à la science, à la recherche, au dialogue
interculturel et inter-religieux le rôle indispensable de force en mesure
d'avoir une incidence sur les processus de l'histoire, de la même manière
que l'économie et la politique. C'est en Méditerranée que
sont nées les grandes cultures qui ont donné son identité à l'Europe
et aux Pays du Sud qui s'y baignent. C'est en Méditerranée quest née
l'idée du principe de l'unité des contraires qui faisait dire à Héraclite
«c'est de ce qui est en lutte que naît la plus belle harmonies tout
se réalise à travers la discorde». Mais c'est surtout l'idée d'un Dieu
qui unit la sensibilité chrétienne, juive, arabe. Un Dieu des textes
sacrés comme le Coran, l'Ancien et le Nouveau Testament. Et c'est enfin sur la Méditerranée
quest réellement née la philosophie et que sont nées les premières «
polls » autour de la fascination et du sens du réalisme de la pensée
de Pythagore. Paix et guerre, dialogue
et lutte ont fait l'histoire de cette mer, où se sont rencontrées non
seulement «forces» et groupes opposés, mais aussi civilisations, cultures
et idées. La lutte dans la Méditerranée a été, et est toujours, une lutte entre philosophies, entre visions du monde, avant même, peut-être, d'être une lutte entre intérêts divers. Le caractère absolu qu'ont
eu tant de fois ces luttes, ne peut germer du seul contraste d'intérêt
quel que central qu'il soit, mais porte en lui quelque chose de plus
radical et de plus profond: l'absence de reconnaissance réciproque,
la lutte pour l'identité qui a pu conduire à la volonté de destruction
réciproque. Ici en Macédoine, dans ce
moment difficile de son histoire, il faut comprendre que seul l'engagement
de la culture et de la société civile peut permettre de dépasser tout
cela. Combien de fois cela a-t-il été compris par les classes politiques
dirigeantes, surtout européennes? Peu de fois; nombre de mots
sont prononcés à dessein, mais peu d'actes suivent ces mots. L'interprétation
générale des différents heurts et guerres qui se sont succédés repose
constamment sur des raisons géopolitiques et sur des tentatives successives
de pures recompositions d'équilibres économico-politiques. Tout cela
est important mais ne suffit pas et a même conduit au final à une impasse. Voilà pour quelles raisons
le dialogue entre les cultures devient décisif. Décisif comme condition
dune paix véritable et donc dune développement possible; dune croissance
des sociétés civiles dans un processus de reconnaissance réciproque. Les conditions de ce dialogue
existent, surtout ici, parce que les cultures des Balkans peuvent parvenir
à une entente . Mais même sans avoir une ambition aussi prononcée, les
différentes cultures des Balkans peuvent, doivent retrouver le terrain
dune confrontation qui permette de faire découvrir à chacun les raisons
de l'autre. II ne doit pas s'agit d'un
dialogue général et idéologique, mais d'un dialogue construit sur la
base d'expériences culturelles effectives , dans les savoirs qui se
sont développés, dans le travail concret sur les traces d'un passé encore
vivant, dans la science, l'environnement, l'archéologie commune, l'alimentation,
les savoirs productifs de techniques et de transformations. Pour mettre en place ce
projet ambitieux, il était important de constituer «une maison commune»
pour le peuples de la méditerranée, pour ordonner et valoriser toutes
les pièces de la mosaïque colorée de la Méditerranée. De là dérive l'extraordinaire importance de ('Académie de la Méditerranée, comme lieu destiné par sa vocation même à devenir le terrain commun de confrontation avec la création de la «Maison de la Méditerranée» à Naples. Le 10 Octobre 1998, la Fondation
Laboratorio Mediterraneo avec prestigieuses Académies de la Méditerranée,
comme l'Académie Macédonienne des Sciences et des Arts - a constitué
l'Académie de la Méditerranée, tache qui lui avait été confiée en décembre
1997 par le II Forum Civil Euromed organisé par cette dernière - auquel
participèrent 2248 personnel représentant 36 pays Bans l'optique d'ouvrir
de manière résolument nouvelle le dialogue entre les cultures et, Bans
les lens que nous aeons déjà évoqués, entre les traditions, les savoirs,
les techniques, les modes de vie, l'histoire concrète de la société. Pendant ces journées-là,
on a re-proposé une radiographie précise de l'état du partenariat euro-méditerranéen.
Les thèmes qu'il faut selon nous aborder, avec la participation des
Balkans, sont les suivants: 1 . - La constitution dans
faire euro-méditerranéenne dune afire de libre échange d'ici au 2010,
avec les perspectives de développement que ce nouveau défi posé par
le modèle de partenariat propose. 2. - Le grand potentiel
qui nous est offert par la «Charte pour la paix et la stabilité», afin
de délimiter avec exactitude le rôle de la «soft security»: c'est-à-dire
« cette sécurité coopérative » qui confie la cogestion des tensions
et des conflits en tours dans la région euro-méditerranéenne non seulement
à des instruments politiques et militaires, mail avant tout, au dialogue
multiculturel qui devrait transformer les différences d'éléments de
conflits en ressource. 3. - Le rôle de la problématique
« Démocratie et droits de l'homme » souligné par la conférence de Stockholm
en avril 1999. II faut revendiquer l'universalité des droits de l'homme
dans un monde global et promouvoir une politique des droits au-delà
de l'État Nation pour qu'elle devienne « la politique principale » des
nouveaux grands espaces sans frontières, sans conflits, comme devrait
l'être l'espace euro-méditerranéen. 4. - La nécessité que le
dialogue entre les peuples advienne à travers un nouvel équilibre qui
ne peut pas être seulement politique, mail qui autour de la politique
puisse faire croître , tout en alimentant, une nouvelle culture, capable
d'assumer le rôle de «Force» en mesure d'avoir une importance dans les
processus de l'histoire, aujourd'hui dominées uniquement par l'économie
et par la politique.
L'extraordinaire quantité
d'adhésions qui sont parvenues à l'Académie, son articulation, ancrée
Bans les différents pays à travers plus de 90 sièges et bureaux détachés
- parmi lesquels je voudrais titer la siège de coordination du Sud Est
Européen qui s'est installé à Skopje et les bureaux de Struga et Ohrid
- et les reconnaissances officielles reçues avec les délibérations votées
et adoptées par den États Centre lesquelles celle du Gouvernement de
la Macédoine), Régions, villes et organismes de 33 pays représentant
officiellement plus de 150 millions de citoyens - montrent qu'elle a
touché une sensibilité existante et désireuse d'être rendue opérationnelle.
Opérationnelle même sur le terrain où le projet culturel devient prémices
d'économie et de développement. L'Académie - avec les organismes qui
lui sont rattachés: Euromedcity, association des villes, Isolamed, association
d'îles et Almamed, association d'universités - s'est appliqué à devenir
un instrument Bans le cadre den politiques d'internationalisation culturelle
et économique. Vous pourrez lire tout cela en détail dans l'édition
en langue française de «Mednews» en distribution, entièrement dédiée
à l'Académie. L'Académie de la Méditerranée,
soutenue adéquatement, constitue une ressource pour l'Europe. Tout ce travail rendu possible
grâce à l'engagement de noun, vu en grand, est dune importance décisive
pour l'Europe qui s'élargit au delà den frontières traditionnelles.
Elle a et veut avoir une politique méditerranéenne qui est une politique
qui regarde elle-même et audelà d'elle même. La confrontation entre
les cultures rendra plus facile cette politique, elle fera croître la
force den interlocuteurs possibles. L'Europe comme sujet politique dans
un monde qui devient global doit absolument regarder la Méditerranée
comme étant la mer d'un grand développement, de paix et de civilisation:
les Balkans doivent être protagonistes de ce processus. L'Académie de la Méditerranée, avec une dot unique - constituée par le summa den dots de toutes les institutions prestigieuses et antiques qui la component, comme l'Académie Macédonienne des Sciences et den Arts - est le pivot de cette possibilité qui voit la culture au coeur de ce processus. Hegel disait que la liberté
se développe et croît sur la mer : sa prophétie peut devenir vérité
historique justement quand la globalisation en tours demande à chacun
de se souvenir de ses propres racines et des les affirmer Bans la reconnaissance
réciproque. La péninsule Balkanique, qui selon une célèbre définition «produit plus histoire que consume», dolt être l'exemple de ce processus. |