“DIALOGO MEDITERRANEO”

Marzo 2002

 

Il est temps que le Processus de Barcelone reprenne son voi!

 

di Antonio Badini

 

La création, il y a sept ans, à Barcelone du Partenariat euro-méditerranéen a tiré une ligne de démarcation entre une Méditerranée « facteur de risque » et une Méditerranée « nouvelle frontière » du rôle de stabilité et de paix de l’UE.

L’Italie, qui assura la Présidence européenne au cours du premier semestre 1996, fut appelée à vérifier sur le terrain la validité d’un projet audacieux mais sans aucun doute à la portée de ses ambitions.

En ma qualité de président temporaire du « Comité de Barcelone », je puis affirmer que mon pays s’attacha surtout à sauvegarder la dynamique politique de ce projet- nous avons encouragé une grande mobilisation de la société civile (entrepreneurs, académiciens, intellectuels, scientifiques) dans le but d’assurer un soutien adéquat à l’action du Gouvernement. Jamais comme à cette époque autant de réunions ne furent organisées à tous les niveaux de responsabilité et dans les différents domaines d’activité.

Un pari aussi difficile que celui de miser sur les pas de la rive sud de la Méditerranée en tant que co-acteurs et partenaires d’une zone de libre-échange ne pouvait être remporté qu’à condition de modifier les critères d’appréciation des instances décisionnelles européennes et internationales et de rompre avec les tabous et les stéréotypes figés dans les opinions publiques. Le déclin et la marginalisation de la rive sud de la Méditerranée étaient devant les yeux de tout le monde. Seul un effort extraordinaire et synergique des Etats de l’UE dans leur ensemble permettrait d’accomplir une tache aussi complexe, vis-à-vis de laquelle les fonds MEDA, de l’ordre de 4600 millions d’euros sur cinq ans, ne pouvaient que remplir une simple fonction de catalyseur ou, pour reprendre une expression américaine, de « seed money ».

Quel était donc le rôle des fonds MEDA ? Sûrement  pas celui de promouvoir les prêts de la BEI, importants mais déjà obtenus par les pays de la rive sud grâce aux garanties dont ils bénéficiant. En réalité, il fallait impliquer les investisseurs et les banquiers privés, accroître le seuil de la confiance et améliorer la perception réciproque entre les deux rives. Plusieurs « chantiers » furent donc inaugurés, mais dans le temps toutes ces initiatives connurent un processus subit de correction et l’on passa du déterminisme politique à la simple gestion La Commission de l’UE se précipita à imposer des règles  et des critères rédigés et conçus en Europe à l’instar du meilleur technocratisme. Mais on ne prit pas assez en compte la nécessité de respecter l’esprit du Partenariat et les objectives que celui-ci aurait du se fixer.

Les banques, les établissements financiers, les agences d’assurances des capitaux, les entreprises, institutes de recherche scientifique et technologique, les entreprises, les académies, les hommes de lettres n’ont été que des spectateurs de ce jeu, et parfois ils sont même restés hors du stade.

Les équipes des « professionnels de Bruxelles » se sont appropriées du terrain de jeu, des légions de conseillers, d’experts et de spécialistes qui travaillent tout au plus à améliorer le record des travaux inaccomplis ou jamais commencés.

On dira que les règles sont nécessaires pour assurer l’égalité des chances, le traitement équitable de tous   et la plus grande transparence. Rien de plus vrai. Toujours est-il que règles ne constituent pas le but d’une action, mais plutôt un instrument. Elles n’ont pas été conçues pour entraver et prendre en otage la volonté politique. Il ne faut jamais perdre de vue la perspective de faire de la Méditerranée une zone de stabilité et de prospérité partagées. On évoque souvent la reprise du conflit arabo-israélien  pour expliquer l’affaiblissement du Processus de Barcelone. Toutefois, on ne s’interroge pas assez sur l’impact, dans l’attitude des pays arabes, du faible soutien qu’ils tirent des fonds MEDA. Même au cours de la Présidence italienne de fortes tensions se manifestèrent dans la région à la suite de la victoire remportée par les conservateurs dans les élections israéliennes d’avril 1996, mais personne ne déserta les réunions ni ne songea à boycotter la réalisation de projets et d’initiatives. Lorsque les intérêts nationaux en jeu sont clairs, les gens réfléchissent deux fois avant d’entreprendre des actions susceptibles de les menacer.

D’après l’examen des indicateurs économiques et sociaux, l’on s’aperçoit que le partenariat n’a eu aucun impact réel sur les tendances principales, qui continuent de pousser vers l’approfondissement plutôt que la réduction du fossé qui sépare les deux rives de la Méditerranée.

Les investissements européens dans la région ne sont que de l’ordre de 1% du total. En outre, 5% seulement de l’ensemble des investissements en faveur des pays en développement est destiné à la Méditerranée.

La part de l’échange commerciale extérieur entre les pays de la rive sud ne s’élève qu’à 8% du total.

Pour leur part, les agences d’assurances continuent à limiter le plafond des crédits à l’exportation assurable et à appliquer des primes onéreuses, alors que les banques sont tenues d’assurer des provisions de fonds à hauteur de 25% des prêts qu’elles octroyant aux pays de la Méditerranée, pour des délais de plus de 18 mois.

Si ces tendances ne subissent pas une inversion, il sera impossible de voir l’aube se lever sur le libre-échange en Méditerranée. Un nouvel essor s’impose et le fait que l’Espagne aujourd’hui et l’Italie dans un an et demi assument la Présidence de l’UE nous fait bien augurer de l’avenir. Notre espoir est que la Conférence de Valence du mois d’avril imprime un nouvel élan à un processus quelque peu affaibli et que ce qui restera inachevé à la fin de la Présidence espagnole devienne la plate-forme de la Présidence italienne dans le deuxième semestre 2003.

Les Gouvernements des deux pays discutent depuis longtemps et à Palerme, au mois de décembre, les premières ententes ont été ébauchées. D’autres réunions sont prévues avec un objectif prioritaire à l’ordre du jour : la création d’une Banque pour la Méditerranée ou en tout cas d’un outil de facilitation financière pour le soutien des investissements et des travaux nécessaires à les encourager.